Certains jeux de réflexion ont laissé une trace indélébile dans l'histoire du jeu vidéo. Tetris en est une preuve éclatante et d'autres ont suivi les évolutions techniques en ce concentrant sur le fond et non la forme. Avec Sushi Striker, on touche de loin à ce style. Les Sushi, c'est excellent, à condition de ne pas en abuser...
Encore une fois, les créateurs chez indieszero ont dû forcer sur le saké. Il faut savoir que le studio qui a développé Sushi Striker est également derrière des titres comme Leçons de cuisine, Electroplankton, ou encore les Theatrhythm Final Fantasy et Dragon Quest. Imaginez un pays ou l'on se fait la guerre à coups de concours culinaires de sushi. Ou plutôt, à savoir qui mangera le mieux des sushis. On appelle ces héros des temps modernes des Sushi Masters. Eux qui doivent maîtriser parfaitement leurs Sushinités ; des divinités de sushis.
Orgie pour boulimiques de Sushis
Le principe de Sushi Striker est relativement simple. À l'image des restaurants qui fonctionnent sur le principe des "Kaiten Sushi", des assiettes de Sushis qui passent sur un tapis roulant, le joueur va devoir sélectionner les plats qu'il souhaite boulotter. Ces derniers sont rassemblés par couleurs et également en bonus en fonction des plats qui sont présentés dessus. En sautant sur l'un des trois tapis et en les reliant les uns aux autres, il faut ainsi tenter de créer la pile la plus grande possible d'assiettes accordées.
Un tapis commun aux deux adversaires permet d'ajouter encore un aspect compétitif, puisqu'il faudra parfois savoir s'en servir avant l'autre pour réussir les meilleurs enchaînements. Si dans le monde réel, les couleurs des assiettes déterminent leur prix, dans le jeu elle sont fonction de la puissance des attaques que vous allez porter à votre adversaire. Une fois empilées, elles sont envoyées automatiquement à la tête de l'autre Shushi Master, ou manuellement si le joueur en fait le choix.
La sélection des assiettes s'effectue de façon tout à fait naturelle en tactile sur Switch. Il suffit de pointer la cible du doigt (ou du stylet pour plus de précision) et de relier les couleurs entre elles pour réaliser les enchaînements. Il est également possible d'utiliser les sticks, mais la prise en main est alors beaucoup moins pratique et le jeu n'est clairement pas calibré pour cela. Du coup, jouer à Sushi Striker en mode salon sur un grand écran perd beaucoup de son intérêt.
Une ambiance RPG rocambolesque
Sushi Striker, c'est donc un principe de jeu, mais également une ambiance très particulière. Il s'agit d'incarner Musashi (une référence à un bretteur célèbre japonais, Miyamoto Musashi) qui, tel un sabreur errant, va parcourir différentes régions pour propager "l'art" de la dégustation de sushis à travers le pays. Il est orphelin et, chemin faisant, il sera également à la recherche de ses racines. Les dialogues sont naïfs, les personnages délirants et l'histoire est truffée de poncifs que l'on trouve dans nombre de mangas et d'animés qui ne se prennent pas au sérieux (le rival redondant qui perd toujours, le grand méchant musclé mais peureux, les "Deux Ex Machina" qu'on voit arriver à des kilomètres...).
Cet effort de scénarisation est bénéfique, puisqu'il contribue à gommer l'aspect répétitif des combats entre Sushi Masters. En outre, le scénario propose également quelques choix pour donner une certaine liberté à la progression du joueur. Par exemple en lui proposant d'aller sur un chemin pour affronter des adversaires plutôt portés sur la défense que l'attaque. Un choix qui doit être fait en fonction du style que vous aurez choisi d'adopter et des divinités Sushi que vous aurez choisi. Car oui, il y a un Dieu pour chaque type de sushi et il aura son importance (nous y reviendrons au paragraphe suivant).
Le scénario de Sushi Striker est cohérent avec l'aspect RPG du jeu. Les statistiques du joueur et des divinités qui l'accompagnent vont évoluer au fil des combats et de l'expérience qu'il va engranger. Ceci reste valable aussi bien pour le solo que pour les matchs classés en ligne. Non seulement les capacités évoluent (puissance d'attaque, de défense et points de vie), mais votre niveau de sushiste est validé avec un système qui s'approche de celui de certains arts martiaux (en "dan").
Varier les saveurs et les plaisirs
S'il ne s'agissait que d'aligner les assiettes de même couleur, le sushiste que vous êtes serait vite gavé. heureusement, il y a de nombreuses subtilités que les plus assidus d'entre vous auront à coeur d'exploiter et de maîtriser. Comme nous le disions plus haut, chaque divinité possède une aptitude spéciale qu'il faudra savoir exploiter.
Par exemple changer tous les plats des tapis en une seule et même couleur, ou les transformer en desserts. Vous pouvez ainsi relier toutes les assiettes et faire une pile énorme et les desserts que vous ramassez rendent de la vie. D'autres divinités vous autorisent à sauter une rangée entière de plats pour relier les mêmes couleurs (on ne peut passer que sur les tapis adjacents normalement). Heureusement, elles ne sont pas activables en permanence, mais en fonction de vos performances et du taux de remplissage d'une jauge. Il existe des dizaines de divinités à collectionner et à faire évoluer. Trois peuvent être sélectionnées pour un combat et là encore, le choix est fonction de votre façon de jouer et de l'adversaire.
Pour reprendre l'exemple précédent, vous pouvez choisir d'être très offensif et d'enchaîner l'unification des couleurs (il y aura une énorme pile d'assiettes), le saut de lignes pour réaliser des enchaînements très longs (encore de grosses piles) et d'activer ensuite l'éclair qui vous procure un bonus d'attaque conséquent pendant de courtes secondes. De cette façon, les piles d'assiettes sont énormes et vous déclenchez manuellement une série d'attaques dévastatrices. Les combinaisons à essayer sont énormes, il y a 100 divinités à rassembler dans les régions du jeu. Certaines ne sont accessibles qu'en réunissant des conditions de victoire spécifiques (qui donnent des étoiles ouvrant de nouveaux chemins).
Enfin, les règles changent en fonction de certains adversaires et des capsules viennent aussi pimenter le jeu. Il peut par exemple arriver, qu'il faille empiler au moins 5 assiettes pour causer des dommages. Il faudra aussi parfois en empiler un nombre équivalent pour désamorcer une bombe qui arrive sur le tapis sous peine de prendre des dégâts énormes. D'autres fois des capsules bonus sont ouvertes si vous atteignez une série d'enchaînements qui sont matérialisés par un chiffre gravé dessus. L'issue de la bataille peut en dépendre totalement.
Here comes a new challenger !
L'histoire principale se boucle en 15 à 20 heures et vous pouvez sans doute rajouter une dizaine d'heures si vous êtes un complétiste qui souhaite avoir les meilleures notes à tous les combats (rang S) et obtenir toutes les étoiles avec les conditions spécifiques. La difficulté n'est pas très élevée, avec du temps et de l'expérience en plus, on surclasse assez facilement tous les adversaires.
Vous pourrez passer un peu de temps au village sacré pour jouer à un mode casse tête, faire valider votre niveau de sushiste ou jouer en ligne. C'est d'ailleurs dans ce mode que résidera votre salut une fois que vous aurez rincé l'histoire du jeu. En partie amicale bien sûr, mais surtout en partie classée. Dans ce cas, les divinités ont leur niveau maximum (mais vous n'aurez accès qu'à celles que vous aurez trouvé) pour les deux joueurs, afin de rester équitable. Le mode multjoueurs est évidement disponible en local, sans influence sur le classement mondial.
De jeu sympathique, Sushi Striker pourrait alors devenir véritablement addictif si vous avez envie d'atteindre un niveau élevé. Surtout que sa vocation première (il ne devait sortir que sur 3DS au départ) est d'être joué facilement et n 'importe où pour des sessions de 5 minutes. Une philosophie qui le rapproche également des jeux nomades sur smartphones qui nous font passer le temps plus vite.
C'est d'ailleurs un assez bon signe pour Sushi Striker ; le temps passe vite lorsqu'on se lance dans quelques parties. Assurément un jeu sympathique, pour peu qu'on n'en abuse pas jusqu'à l'indigestion. Il tombe à pic en cette veille de vacances, pour occuper les temps morts ou les longs trajets.